jeudi 20 mai 2021

Le fabuleux destin... d'une marocaine

Je te revois pour la première fois depuis 2 ans de séparation, et... ho surprise ! tu parles de notre rencontre. C'était il y a 17 ans dans ta ville natale - Meknès au Maroc. Tu en parles avec une infinie tristesse, telle celle d'une pauvre fille orpheline, arrachée à sa famille par la guerre, une victime :

- je suis venu en Suisse pour vivre avec toi. C'est à 2000 km de ma famille. 

Puis tu fond en larmes en disant au médiateur en face de nous :

- il n'aime pas le Maroc.

L'histoire d'une vie c'est comme les livres: il y a des chapitres, et à la fin de chaque chapitre... on tourne la page, chaque chapitre est différent des précédents. Mais ce qui compte c'est le chapitre présent, parce que c'est toi qui l'écrit. Ton chapitre à l'air très triste, c'est comme si on a pas vécu la même histoire.

Le chapitre a commencé quand on s'est rencontré, en 2003. Je ne suis pas parti au Maroc pour te voir, ni même pour t'arracher à ta famille. Moi je suis venu pour découvrir le monde... et tourner la page de ma première maitresse. Quand je suis arrivé au Maroc, au mois d'octobre, j'ai sympathisé avec un chauffeur de taxi qui m'a proposé de faire le tour du pays. Lors de la dernière étape, quelques jours avant la fin de mon séjour, il a voulu me présenter une fille: toi.

Je ne t'ai jamais poussé à venir vivre en Suisse: c'était ton rêve ! Tu a voulu réaliser ton rêve, celui de beaucoup de femmes : se marier, avoir des enfants, dans un pays qui te faisait rêver, très loin de tes frères et soeurs. Quand je t'ai rencontrée tu vivais encore dans la maison familiale, avec tes 2 frères et tes 3 soeurs. Tes parents venaient de décéder. Ca tombait bien pour moi, et ca m'a apporté beaucoup d'espoir.

Ne plus vivre avec ses frères et soeurs, moi j'avais déja déja tourné la page de ce chapitre depuis quelques années. Ca a été facilité par le fait que j'avais une maitresse: une fille très douée: elle était plus jeune que moi, parlait 4 langues, elle m'a appris beaucoup de choses. J'ai passé une année très intense avec cette fille, je l'ai adorée. Elle passait souvent la nuit chez moi, dans mon appartement tout neuf, loin du regard de mes parents. Un jour j'ai appris qu'elle avait un amant, et j'ai perdu tout contact avec elle. Je devais tourner la page et penser à autre chose. C'est pour tourner la page et découvrir le monde que j'ai décidé de partir dans un pays que je ne connaissait pas: le Maroc.

Se marier et avoir des enfants dans un pays lointain c'est le rêve de beaucoup de femmes. Je ne t'ai pas obligée à venir vivre en Suisse. C'est toi qui voulait, pour fonder ta famille. Maintenant tu passe ton temps à te plaindre que tu es loin de ta famille. Quand tu parle de ta famille, tu parles de tes soeurs au bled, mais tes trois enfants que tu a fait naitre en Suisse - Alain, Bruno et Charlotte - ils ne sont pas ta famille ? en tout cas ce n'est pas d'eux qu'il est question.

Ta nièce elle est partie beaucoup plus loin que toi, aux Emirats Arabes Unis, à 6000 km du Maroc. Et maintenant qu'elle vit la bas, est-ce qu'elle se lamente de ne pas voir sa soeur et sa maman restée au Maroc ? ou est-ce qu'elle savoure sa vie avec sa famille - sa fille et son mari la bas aux Emirats ?

Après t'avoir rencontrée, dans ta ville natale, je suis rentré en Suisse, et on est restés en contact par téléphone. J'ai préparé les formalités pour te faire venir en Suisse. Je t'ai envoyé un billet d'avion, et tu es venue 5 mois après notre rencontre. Entre temps j'avais refait un aller-retour vers le Maroc pour faire plus ample connaissance, et on a traversé le pays.

Tu es arrivée en Suisse le 14 février 2004 pour le mariage civil. Le Maroc ne t'intéressait pas. Tu ne faisait pas la prière. Tu t'habillait bien et tu était très aimable. J'était fier de toi. On a passé les deux premières années de mariage en Suisse. On a fait une escapade à Locarno, au Tessin. Une à Chamonix. On était au Paléo Festival pour écouter Eros Ramazzotti. On allait souvent aux bains de Lavey. On avait un chat. On est retourné au Maroc seulement 2 ans et demie plus tard - août 2006, pour un séjour de 3 semaines, où j'ai fait connaissance avec tes frères et soeurs. Puis un deuxième voyage encore 18 mois plus tard, cette fois avec un bébé d'une année: Alain.

Tu rêvait d'avoir des enfants, mais moi je n'était pas pressé. Les premiers bébés qu'on a eu c'était... des chatons. Alain est né en janvier 2007, deux mois plus tard on a déménagé à Lausanne. Et à ce moment là tu a malheureusement changé. Tu t'es réveillée, tu a oublié ce que c'était ton rêve. Depuis lors tu ne t'intéresse plus qu'à une seule chose: ton passé au bled - le chapitre précédent. Tu a commencé à rechercher des contacts - on ne connaissant pas encore Lausanne. Tes contacts ca a été uniquement des compatriotes, à qui tu disait souvent qu'on s'est marié en 2007. Lapsus révélateur ? c'était en réalité 3 ans avant. Malgré que ca ne t'intéresse pas, tu a scellé ta vie à Lausanne en y faisant deux enfants de plus: Bruno et Charlotte

Tu vient de me dire que tu es venue en Suisse pour vivre avec moi ? Je n'ai jamais eu cette impression. Tes faits et gestes ne vont pas dans ce sens. Moi je n'ai rien contre que tu t'intéresse à ton pays d'origine, à ses traditions. Ce qui me dérange c'est le monopole: tu ne penses qu'a à ca. Tu consacre ta vie uniquement à tes soeurs et tes traditions. Le voyage annuel vers le Maroc est un pilier fondamental de ta vie: tu en parles 6 mois avant et pendant plus de la moitié de l'année. En 2020 et 2021 on ne peut pas prévoir autant à l'avance. Ca n'empêche pas que tu contactes ta soeur 3 fois par semaine, à chaque fois tu passes plusieurs heures au téléphone avec elle. Tu passes 4 à 6 semaines avec elle chaque année. Quand tu en reviens tu es de bonne humeur... 3 jours.

Et ca recommence comme ca chaque année, durant presque dix ans (2009-2017). Dès le mois de janvier tu penses au voyage vers le Maroc. Tu achète des valises et des jouets pour les 4 semaines que tu va passer la bas. Tu te montre impatiente comme si tu allais bientôt sortir de prison. Tu parles des vacances, mais si je te laisse faire, quand on va la bas, on va uniquement dans ta ville natale et je n'ai pas l'impression d'avoir passé des vacances. Le Maroc c'est grand comme la France, mais si je n'avais pas négocié avec toi on ne serait pas allé près de Gibraltar, on ne serait pas allé visiter la mosquée de Casablanca, ni Volubilis, on ne serait pas allé en croisière en Méditerrannée, ni à Bruxelles ou Barcelone.

Depuis 2016 tu ne me demandes même plus si ca m'intéresse d'aller la bas. Tu me met devant le fait accompli que tu a déjà reservé les vols pour un séjour de 4 à 6 semaines. Pour voir ta soeur ? ou pour rembobiner et rejouer un vieux chapitre, histoire d'avoir l'illusion que tu n'est jamais sortie de ton pays ? Quand tu parles à a ta soeur la bas, tu ne lui raconte pas ce qu'on vit en Suisse, tu lui parles uniquement du précédent séjour, il y a une année, deux ans, trois ans. Quand je lui montre les photos de la vie qu'on mène en Suisse, tu me demandes d'arrêter. Et en Suisse tu ne t'intéresse pas à ce qui se passe dans ton village de domicile: tu passe ton temps à regarder la télévision marocaine.

Chaque année tu impose un séjour de 4 à 6 semaines au Maroc, et les enfants t'accompagnent. Moi ca me rends malade rien que d'y penser: Si je viens avec toi, à te voir passer toute tes vacances à parler avec ta soeur, je m'ennuie, je passe mon temps à boire des cafés, je souffre de la chaleur (40 à 45°C), j'attrappe la diarhée - la tourista. Et je paye 500 francs pour ca - ca fait cher le café ! Si je ne vient pas, je ne vois pas mes enfants pendant plus d'un mois, ils me manquent. Je me retrouve du jour au lendemain dans une maison vide. Alors j'y vais quand même, mais moins longtemps. En 2018 - mon dernier voyage la bas - je suis venu à la mi-temps, pour une semaine, uniquement pour voir les enfants.

Il y a certaines années je n'ai presque pas vu mes enfants pendant les vacances d'été, qui durent 7 semaines. Ils ont presque pas vu leurs copains. Alain, qui a 14 ans, combien de fois a-il participé à la fête nationale le 1 er août ? une seule fois, par chance en 2020 parce que c'est la pandémie de coronavirus et les frontières sont fermées.

Chaque année tu tient le même discours, que tu ne voit pas souvent tes soeurs. Moi si je fait le total du temps que je passe avec mes frères et soeurs, ca ne fait même pas 24 heures par an - j'ai tourné la page. Avec la pandémie de coronavirus je n'ai pas vu mes parents depuis plus d'un an, je les contacte une fois par mois. Toi tu voit ta soeur plus de 24 jours par an, tu passes 10 heures par semaines au tél avec elle, et tu te plaint qu'elle te manques.

Aujourd'hui, en 2021, je ne vit plus avec toi depuis 2 ans. Je n'ai pas tourné la page des enfants - je n'ai pas l'intention de le faire. je les contacte une à deux fois par semaine. Un court appel de 15 minutes. Souvent j'appelle et tu es déjà au téléphone avec ta soeur. Quand je raccroche tu es encore en ligne avec ta soeur. Quand je parles aux enfants, ils n'entendent pas ce que je dis parce que tu es au tél avec tes soeurs, de l'autre coté du salon. 

Le juge a décidé, dans l'intérêt des enfants, qu'ils passeront la moitié des vacances chez leur papa et la moitié chez leur maman, soit 3.5 semaines - comme presque toutes les familles séparées. Tu a signé ces conditions, c'est par conséquent une obligation pour toi - c'est la loi. Et toi tu essaye de tricher. En 2019 juste un mois après avoir signé, tu me met devant le fait accompli que tu a déjà réservé des vols pour un séjour de 4.5 semaines avec les enfants.

J'ai revu les photos de notre vie quotidienne, comme elle se passait entre 2016 et 2018, avant la séparation. C'était l'enfer. Chaque fois que j'avais envie de faire quelque chose, la première idée qui me venait à l'esprit était: est-ce qu'elle va bien le prendre, ou est-ce qu'elle va péter un cable ? J'en tremble rien que d'y penser, alors j'essaye de me mettre à ta place, et je n'y voit pas d'inconvénient. Donc je te parle de mon idée, et tu pète un cable pour une raison que je n'avais même pas imaginé.

Ces deux années il m'est arrivé des trucs impensables. Un jour je receoit par e-mail une réservation pour une nuit à l'hôtel + entrée à Europa Park faite avec ma carte de crédit. Sauf que je n'ai rien commandé, et que je ne suis pas dans la liste des invités. Les invités se sont toi, et les 3 enfants. Le lendemain tu vient me demander d'annuler cette réservation. Je réponds que ca ne me concerne pas - il n'y a pas mon nom. On ne pouvait pas annuler, seulement changer la date. J'ai reflechi qu'est-ce que je voulait faire, et j'ai décidé de vous accompagner, parce que Europa Park ca m'intéresse. J'ai payé mon entrée au parc et ma chambre d'hôtel, et on y est allés ensemble, comme des amis.

A la fin août, tu viens de rentrer du Maroc il y a 3 jours. Je ne vous ai pas vus depuis 3 semaines. On sort faire du shopping, et manger au resto. A peine on arrive dans le centre commercial. Tu sort ton téléphone et tu appelles ta soeur.

En septembre de la même année, il y a le comptoir de Lausanne - la foire annuelle des producteurs locaux. On a l'habitude d'y aller en famille chaque année. J'ai promis aux enfants qu'on allait le faire, comme l'an passé. Le moment venu tu prépare les enfants - met Charlotte dans la poussette, moi je met mes souliers. Tu le vois, et tu retire Charlotte de la poussette en disant 'on y va pas'. Alors j'enlève mes souliers et toi... tu remet Charlotte dans la poussette. Donc je remet mes souliers, et toi... tu appelle la police. Tu leur ment en disant que je t'empêche de sortir.  Après l'intervention de la police je me rends à cette foire. Et je te croise la bas, au milieu de la foule.

En décembre de la même année, je réserve un chalet à la montagne, pour 5 personnes. C'est en Haute Savoie. Je t'en parles, mais ca ne t'intéresse pas. Je te demande de préparer les habits de ski pour les 3 enfants. Le jour du départ du me met devant le fait accompli que Charlotte n'a pas d'habits de ski et tu me laisse la voiture. Alors je part avec nos deux garçons Alain et Bruno. On a passé des belles vacances la bas, et ils avaient envie de le refaire l'an prochain - on l'a refait. Deux mois plus tard je receoit une invitation au tribunal: audience de séparation, suite à une demande que tu a déposée le 19 décembre, le jour de mon anniversaire. Je n'était pas au courant, je ne connais pas l'avocate qui a écrit la demande et je ne m'y attendait pas du tout.

Je jour de l'audience tu es toute verte. Je réponds à la juge: j'ai tout refusé. Je n'étais pas prêt. J'avais peur pour mon avenir parce que je ne savait pas du tout ce qui allait se passer. Les mois qui ont suivi tu répetait sans cesse cette phrase : il reste pas beaucoup de temps. Tu faisait un geste - epoussetter tes mains - que tu va bientôt te débarrasser de moi. De mon coté je me suis projeté dans mon avenir, j'ai imaginé la vie séparée, j'ai étudié le droit de la famille - qui régule la vie séparée - et j'ai commencé à rechercher un appartement. 

En Mai 2018 j'ai trouvé un magnifique appartement: au 5ème étage, en attique, il y a un immense salon, un grand balcon avec vue sur le lac et une salle de bain rose. Le weekend de pentecôte le propriétaire me fait savoir que j'ai été choisi comme futur locataire et qu'il me reste à signer le contrat de bail. Je sort des cartons de déménagement et je prépare à les remplir, et toi tu vient me dire: tu peut rester ici si tu le souhaite. Oui biensur, mais qu'est-ce qu'on fait avec la demande de séparation ?

Quelques semaines plus tard tu me fait savoir que tu a déjà réservé les vols pour le Maroc, pour un séjour de 5 semaines avec nos 3 enfants. Tu ne savait pas ce qui allait se passer avec moi, mais apparemment ca n'a pas d'importance, ce qui compte c'est que tu a réservé ton séjour au Maroc. Alors je décide d'y aller aussi, pour quelques jours à la mi-temps, juste pour voir les enfants et quelques amis la bas - les cousins d'Alain. C'est tard et le réservation du vol low cost Lyon-Fèz m'a couté plus de 500 francs.

Deux mois après les vacances je constate que tu receoit encore plus d'appels WhatsApp que d'ordinaire. Fait nouveau: des appels le matin, en plus de celui du soir avec ta soeur. Quand je passe devant le téléphone, tu cache l'écran contre toi. Je guigne de loin, et je voit un jeune homme au téléphone - je ne le connais pas. Ce mec, il appelle tout les jours. Je regarde dans tes contacts Facebook, et je vois un nouveau contact: il s'appelle Fayçal, domicilé à Meknès, ta ville natale, il n'a qu'un seul ami: toi; sa tête c'est celle que j'ai vu sur ton téléphone. Vous vous échangez des messages romantiques: un cheval blanc, une princesse et des petits coeurs. Tu es joyeuse au téléphone, tu a des fous rires, tu soigne ton apparence, met des bijoux. Lors des appels tu te couche sur le canapé et tu promène le téléphone sur ton corps.

Et voila que tu prononce la phrase que n'importe quel conjoint espère ne jamais entendre: il y a un autre homme dans ma vie. Alors je me met à rechercher un appartement. 3 mois plus tard je visite un très bel appartement: au 6ème étage, il est spacieux et en bon état. Il y a un grand balcon et une vue dégagée sur le ciel et la forêt - on voit les avions. Le 22 février le propriétaire me fait savoir que j'ai été choisi et que le contrat de bail peut commencer le 28 février. Je ressort des cartons achetés l'an passé, je met toutes mes affaires. Tu vient m'aider en vidant l'armoire à habits. Je demande de l'aide à mon meilleur ami et mon frère pour aménager la bas. Je voulais prendre les meubles qui m'appartiennent - ceux que j'ai acheté avant de te connaitre, mais tu n'a pas voulu, alors j'ai tout acheté ce qu'il me faut sur petite annonce. Le jour du déménagement je loue un fourgon, et je fait le tour du canton de Vaud pour aller chercher tout les meubles que j'ai reservé. Alain, notre fils, m'a accompagné, et à la fin de la journée, avant de retourner dormir chez sa maman, il m'a embrassé - ce qu'il ne fait pas souvent.

Aujourd'hui, après deux ans loin de ta vue, dans cet appartement, je me rends compte que tu est complètement cinglée. Tu es aigrie et tu voit uniquement les aspects négatifs. Tu tiens un discours exclusivement de victime: tu te sert de n'importe quel événement de ta vie comme prétexte pour te positionner en victime et me positionner en bourreau. Ceci depuis plusieurs années. En 2017 tu prenait régulièrement des vidéo compromettantes: en m'accusant d'une intention imaginaire. Tu a essayé de te défendre devant la justice, plusieurs fois. Par exemple les jours où j'était malade, tu me reprochait de ne pas t'aider à faire le ménage ou s'occuper des enfants. Quand ma fille tombe malade, tu trouve n'importe quelle raison de lui faire croire que c'est à cause de moi - même un jus d'orange ou un coca-cola. 

Je suis bien mieux loin de toi, et la plupart de tes tentatives ne font rien d'autre que pourrir la vie... de tes enfants. Ton discours négatif sape la confiance qu'ils ont en leur papa et les désécurise. Ton positionnement en victime leur fait pitié et Alain essaye de ménager la chèvre et le chou, ca doit le fatiguer - ils ne se rends pas compte que c'est pas objectif ni pertinent. Alain sert de messager depuis 2016. Ca le met souvent dans une situation délicate et embarassante.

Tu te défendait souvent d'être une mauvaise épouse en disant que tu faisait la cuisine et la lessive pour moi, que tu t'occupait des factures et de l'éducation des enfants. Aujourd'hui je fait la cuisine pour les enfants - parfois même avec eux, et j'ai du plaisir. Je m'occupe de la lessive, mes factures, de leur éducation - Charlotte met encore des couches culottes - et je ne suis pas malheureux, au contraire. Je passe des soirées tranquilles, loin du bruit assourdissant de quelqu'un qui téléphone à haute voix jusqu'à plus de minuit et puis je peut enfin nettoyer mon aquarium de 200 litres sans que quelqu'un vient râler parce qu'il y a une goutte d'eau qui est tombée parterre.

(plus tard)

Janvier 2023, ca fait maintenant 4 ans que je vis dans cet appartement. Les enfants viennent me rendre visite chaque weekend. La situation semble stabilisée. 

Je reçois alors une lettre du tribunal, via mon avocat. La lettre demande ma position concernant un futur divorce. J'apprends quelques semaines plus tard que tu part avec les enfants au Maroc au mois d'avril - trois mois plus tôt que d'ordinaire. J'avoue qu'il fait moins chaud là-bas au printemps, et puis c'est le Ramadan. Je ressent néanmoins un inquiétant vent de précipitation. Quelque chose est-il en train de se passer ? Pourquoi une proposition de divorce maintenant - après 4 années de séparation ?

Je te vois lorsque je ramène Charlotte chez toi. Tu a pris beaucoup de poids, tu a le visage raviné, le teint pâle et tire une tête d'enterrement. Quelque chose ne va pas ?

Quelques semaines plus tard, alors que je ramène Charlotte chez toi, j'assiste à un malaise. Je te vois t'allonger sur le canapé - ce que tu ne fait jamais.  Tu tiens une main sur le coeur et avec l'autre tu prends un téléphone et appelle quelqu'un "appelle les urgences sinon je suis mort". Je ne suis pas un expert, mais ca ressemble à un malaise cardiaque. Un mot terrible me vient en tête: infarctus. Ca tue ! J'espère que ce n'est pas ça, sinon ca va être une catastrophe pour les enfants.

Cet événement, auquel j'ai assisté de manière fortuite, sans y prêter beaucoup d'attention, me laisse songeur. Est-ce sérieux ? J'espère que c'est une blague. Comment dois-je réagir ? La guérison dépend avant tout de toi. Si tu es vraiment malade, d'une maladie mortelle, alors tu me demanderais de l'aide et tu irais à l'hôpital pour être soignée. 

Tu pars finalement au Maroc avec les enfants, pour y passer les deux dernières semaines du mois Ramadan - qui coïncide cette année avec les vacances de Pâques. Je passerai donc ces vacances seuls, enfin accompagné de votre chat.

Quelques jours après ton retour, et la veille du long weekend de l'Ascension, quelqu'un frappe à la porte. C'est la police, pour m'annoncer ton décès. Je me rends avec les enfants à l'hôpital pour dire au-revoir à la dépouille. Le médecin est formel: infarctus. C'était le 14 mai 2023, le jour de la fête des mères.

Du jour au lendemain ma vie change. J'hérite de toute tes affaires, mais aussi de toutes tes charges et toutes tes activités; à commencer par assurer le quotidien des enfants: repas, école, dodo, lessive. Sans parler des funérailles et des changements de titulaire des contrats. J'en ai le tournis rien que d'y penser.

Je décide alors, sans hésitation, de revenir vivre dans l'appartement où se trouvent les enfants. Et ce dès le premier soir - ils sont sous le choc et donc désorientés. Je passe chez moi et compose une valise avec ce que j'ai besoin au quotidien. Ensuite de quoi je me rends dans l'appartement familial. Cet appartement où je n'ai pas mis les pieds depuis 4 ans.

A ma grande surprise, au murs de cet appartement, se trouvent encore les photos de notre lune de miel (2004-2005). Les meubles sont à peu près les mêmes qu'il y a 4 ans. A première vue l'appartement n'a pas changé... enfin presque. 

Je rentre à la cuisine et je vois des casseroles dans leur emballage d'origine, rangées sous les chaises ainsi que parterre. J'ouvre un à un les meubles et je constate qu'ils sont tous remplis à raz bord. Il y a des marchandises et des ustensiles déposées devant les meubles, entre les meubles et au dessus des meubles. Les marchandises sont presque toutes périmées. Il y a également deux congélateurs de grande capacité; tout deux remplis à raz bord. Il n'y avait pas tout ce bazar 4 ans plus tôt !




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