mardi 22 mars 2022

Guerre en Ukraine: une bombardement d'intox en Europe

La nouvelle circule depuis quelques jours que Vladimir Poutine a ordonné l'envoi de 190'000 soldats en Ukraine - le pays voisin, anciennement province de l'Union soviétique - en vue d'envahir ce pays. Des psychologues s'interrogent sur sa santé mentale tant cette perspective est dénuée de sens. Comment un président en exercice depuis près de 20 ans, qui jouit d'une bonne réputation, peut-il en arriver là ? 

https://www.lemonde.fr/international/article/2022/02/18/crise-ukrainienne-nouvelles-tensions-dans-l-est-du-pays-soumis-a-des-bombardements_6114259_3210.html

Cinq minutes de recherches sur Wikipedia suffisent pour avoir des éléments de réponse: cet assaut touche un pays qui est en guerre civile depuis plusieurs années concernant la population russe qui habite sur le territoire. Les deux pays ont signé un traité de retour à la paix en 2014 et les deux présidents sont en négociation. 

La Russie et l'Ukraine, amis ou ennemis ? Quelle est l'histoire récente de ces deux pays ? Que trouve-on comme info dans les médias ? les réseaux sociaux ? y-a-il des témoignages des habitants ? y-a-il de la propagande ?

Le premier élément de réponse à "que se passe-il en Ukraine ?" provient d'un journaliste américain qui se trouve sur place et qui publie sur sa chaine personnelle sur Youtube.



Si quelqu'un dit qu'il pleut et l'autre dit qu'il ne pleut pas, le travail du journaliste est d'ouvrir la fenêtre et de vérifier si il pleut.

Contexte - 1992 à maintenant

Le territoire actuel de l'Ukraine est celui qu'occupait la république soviétique d'Ukraine - membre de l'URSS - de 1954 à 1992. Le pays a été fondé en 1992 suite à l'éclatement de l'Union soviétique et a conservé les frontières de son prédecesseur. Le teritoire est grand comme deux fois l'Allemagne. Le peuple Oukraïna - qui donne son nom au pays - a posé les frontières à la limite de ce qui est grosso modo leur territoire. Ce peuple a sa propre langue, l'ukrainien et sa propre culture. 

Les limites du territoire des Oukraïna sont floues. Il y a à l'intérieur des frontières de l'Ukraine des habitants qui ne sont pas de ce peuple. Ce sont souvent des familles russes installées en Ukraine depuis plusieurs générations - avant 1992. Ils sont même majoritaires dans l'Est et le Sud du pays: la péninsule de Crimée et la vallée du Don - le Donbass, où se trouvent les villes de Donetsk, Marioupol et Sébastopol. Il y a des familles mixtes avec un parent qui parle le russe et l'autre l'ukrainien et de nombreux habitants sont bilingues.

Les habitants du pays sont divisés concernant les relations avec leurs voisins: la Russie et l'EU. Les habitants russophones sont favorables à un rapprochement avec la Russie, alors que les Oukraïna sont favorables à une adhésion à l'EU. Les pays voisins - Pologne, Hongrie, Moldavie et Roumaine - sont déjà membres de l'UE.

Il y a dans ce pays des tensions depuis 2010 concernant leur position par rapport à leur voisins. Il y a eu des manifestations, des émeutes, et le président Ianoukovytch a été renversé. La tension est montée d'un cran en 2012 lorsque le gouvernement a décreté que le russe n'est plus une langue officielle du pays. Il y a eu un vent de révolte dans les régions où la majorité des habitants parlent le russe - notamment dans la région de Donetsk. Il y a eu de très grandes manifestations et le gouvernement a été renversé. C'est la révolution Euromaïdan de 2013

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ukraine#La_p%C3%A9riode_sovi%C3%A9tique



https://fr.wikipedia.org/wiki/Donbass#/media/Fichier%3AUkraineNativeLanguagesCensus2001detailed-en.png

2014 Guerre et plan de paix

L'année suivante, en 2014, un avion de ligne qui assure la liaison Amsterdam-Kuala Lumpur est abattu par erreur par un missile dans le ciel ukrainien. L'avion mortellement touché s'écrase dans la région de Donetsk. Les 280 passagers - la plupart des néérlandais - sont tous morts sur le coup. Le monde entier découvre alors avec stupeur qu'il y a la guerre en Ukraine et que les belligérants sont équipés d'armes lourdes capables d'abattre un avion qui se trouve à 10 km de là.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Vol_Malaysia_Airlines_17

La même année, le président russe - Vladimir Poutine . et les présidents ukrainiens, français et allemands - Petro Poroshenko, Angela Merkel et Francois Hollande - signent ensemble un traité de restauration de la paix en Ukraine. Ce traité signé à Minsk prévoit un cessez-le-feu, la démilitarisation - destruction des armes - le décret de neutralité de l'Ukraine et l'auto-détermination des populations - les habitants de chaque département peuvent voter l'appartenance de leur territoire.

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Protocole_de_Minsk

Un premier vote a lieu l'année suivante dans la péninsule de Crimée - une presque-île ukrainienne sur la Mer Noire. Plus de 90% des votants expriment leur souhait d'appartenir à la Russie. Lorsque le gouvernement russe exhausse ce voeu et prends possession des lieux, la rumeur est relayée par les médias que la Russie envahit la Crimée. No comment.

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9f%C3%A9rendum_de_2014_en_Crim%C3%A9e

7 ans plus tard, alors que les images de désolation et d'explosions se succèdent concernant l'Ukraine, les nouvelles de la Crimée parlent de matches de foot, de spectacles de danse classique et d'ouverture d'une autoroute.

Un vote similaire a eu lieu dans la région du Donbass, et la majorité des votants ont souhaité l'indépendance de la région. Cependant le gouvernement ukrainien n'a pas signé la reconnaissance de cette indépendance. Deux jours avant que l'armée russe n'entre en Ukraine, Vladimir Poutine signe la reconnaissance unilatérale du statut indépendant de la République Populaire de Donetsk. Le traité de reconnaissance par la Russie s'accompagne d'un traité d'alliance militaire: la République de Donetsk demande la protection militaire par l'armée russe.

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Conflit_russo-ukrainien

Le 18 février 2022, les dirigeants de la République de Donetsk demandent d'évacuer la ville craignant un assaut imminent de l'armée ukrainienne. Denis Pouchiline, le président de la République de Donetsk, appelle à la mobilisation générale suite à une augmentation spectaculaire des actes militaires à la frontière de la république.

https://www.bfmtv.com/international/ukraine-le-chef-separatiste-prorusse-de-donetsk-proclame-la-mobilisation-generale_AD-202202190029.html

https://www.theguardian.com/world/2022/feb/18/pro-russian-separatist-order-mass-evacuation-eastern-ukraine-fear-moscow-seeking-create-pretext-invasion

La société ukrainienne

Le 29 avril, le journal Consortium News publie un article écrit par deux sociologues ukrainiennes, originaires de la région de Kharkiv - au Nord-Est du pays. Elles reviennent sur l'évolution de leur pays depuis 1992, la révolution Maidan de 2013, l'élection du président Zelinsky, et la guerre.

On y apprends que Volodymyr Zelinsky, avant d'être président, était acteur dans une série TV ukrainienne. Cette série TV l'a fait connaitre auprès de la population du pays et a été de facto sa campagne électorale. Inconnu en dehors de l'Ukraine avant son élection, il est devenu une vedette sur les médias occidentaux depuis le début de la guerre. Il est présenté dans les médias comme un héros infatiguable repoussant à lui seul un barbare venu de l'Est. La réalité est moins flatteuse: élu en 2019 avec 73% des suffrages, sa popularité à baissé à moins de 30% d'intention de vote en 2022 suite à des décisions très contestées.

L'auteure décrit l'Ukraine comme une nation profondément divisée, avec deux visions différentes de "c'est quoi être ukrainien ?". Le point de vue des habitants de l'Est du pays sur ce sujet est diamétralement opposé à ceux de l'Ouest: l'éthnie ukrainienne contre les slaves de l'Est. La définition par l'éthnie ukrainienne, avec sa langue et sa culture, est très populaire dans l'Ouest du pays. La définition en tant que slaves de l'Est s'oriente autour de la coexistance de deux cultures - russes et ukrainiennes - est considérée comme la norme au Sud et à l'Est du pays.

Ces deux définitions ont cependant moins d'importance pour la population que les problèmes économiques, dit-elle. Lors du divorce avec la Russie, en 1992, beaucoup d'habitants espéraient une amélioration de la situation économique du pays, mais ca n'a pas été le cas, et la situation économique de l'Ukraine s'est déteriorée. Dans sa série TV, Zelinsky promettait d'améliorer la situation du pays en une semaine. Ca ne s'est pas réalisé. Maintenant la priorité des habitants est la survie et ils fuient vers l'Europe. Elle dit également que l'invasion russe a solidarisé la population et il y a des des écrivains du Sud du pays qui écrivent pour la première fois en langue ukrainienne.

Elle dit également que suite à la révolution Maidan de 2014, dont beaucoup d'habitants de l'Est et du Sud étaient opposés, les révolutionnaires, qui se considèrent comme progressistes ont présenté les anti-Maidan comme des 'sovki', un terme péjoratif qui sous-entends des gens barbares et rétrogrades. Elle dit que plus on se dirige vers l'Est du pays, plus les anti-Maidan sont nombreux. 75% des habitants de la région de Donestk y sont opposés ainsi que 80% des habitants de Crimée.

Elle dit également que des institutions occidentales se sont installées petit à petit en Ukraine depuis l'indépendance de 1992. Depuis la révolution Maidan de 2014 des occidentaux occupent des postes de ministres et influencent la vie politique au détriment des souhaits de la population et notamment des anti-Maidan qui représentent la majorité de la population, ce qui a contribué à l'escalade vers la guerre civile en 2015 puis au désastre de 2022. Dans les faits ces institutions défendent avant tout leur propre intérêt de faire du profit en Ukraine.

Elle dit qu'une des réformes entreprises par Zelinsky a été la fermeture de plusieurs médias, notamment de gauche entre 2021 et 2022 - juste avant la guerre. Des journalistes indépendants, des blogueurs et des analystes ont été arrêtés. Zelinsky a ensuite signé un décret qui oblige les chaines de télévision du pays a présenter un seul point de vue sur la guerre: celui du gouvernement. Zelinsky évoque des raisons militaires, cependant beaucoup de fermetures ont eu lieu avant la guerre.

Depuis 2021 le service de sécurité nationale est chargé de sanctionner des opposants au régime, parmi lesquels il y a des parlementaires ainsi que leur famille. Leurs biens ont été saisis sans la moindre preuve d'activité illégale. En début 2022 11 partis politiques ont été interdis par le service de sécurité en application d'un décret du président. La mission officielle du service de sécurité est "de coordoner l'activité de l'exécutif dans le domaine de la sécurité et de la défense nationale", ce qui n'a rien à voir avec l'arrestation d'opposants politiques.

D'un autre coté le site web Myrotvorets tient une liste d'opposants à la révolution depuis 2015. Certaines personnes fichées sur ce site web, et considérés comme ennemis du peuple, ont été abattus par des nationalistes devant leur maison. Des milliers d'ukrainiens sont maintenant répertoriés sur ce site et craignent pour leur sécurité. Il y a également le nom de personnalités politiques étrangères comme le chancelier allemand Gerhard Schroder. Des journalistes sont également fichés. certains se sont exilés en Europe où ils continuent de publier des articles et comparent le service de sécurité nationale avec la Gestapo.

L'auteure dit que plus elle regarde l'évolution de son pays, plus elle pense au chemin parcouru par Augusto Pinochet, qui est par ailleurs admiré par les libéraux ukrainiens. Pendant longtemps les crimes commis par le régime de Pinochet n'ont pas été analysés, jusqu'à ce que l'humanité découvre la vérité. J'espère que ca sera bientôt le cas pour l'Ukraine, dit-elle.

Concernant les liens entre Zelinsky et l'extrême droite, elle dit que Zelinsky n'a pas un discours d'extrême droite. Dans sa série TV il décrit les nationalistes ukrainiens comme des stupides marionnettes des oligarques. Durant sa candidature à la présidence, en 2019, il y a critiqué la décision de son prédecesseur Petro Poroshenko d'imposer la langue ukrainienne dans l'administration, l'armée, les hôpitaux et les écoles.  Puis en 2021 il a signé un décret qui impose la langue ukrainienne dans l'espace public, tel que l'avait soutenu son prédecesseur. Ce qui a fait la joie des nationalistes mais pas des russophones.

Pourquoi se revirement ? les analystes pensent que les nationalistes, même si ils sont peu nombreux, n'hésitent pas à utiliser la force contre les politiciens, les juges, et les journalistes. Les propagandistes disent "Zelinsky est juif, alors il ne peut pas être nazi", dans les faits se sont les nationalistes qui contrôlent le processus politique par la violence en intimidant ceux qui osent s'opposer à leur objectifs.

Une des inquiétudes aujourd'hui, avec l'escalade, est que Zelinsky, très influent, se sert de son expérience en show business pour se donner l'image de l'incarnation du bien attaqué par le mal. l'auteure réponds que la manière dont le conflit est décrit dans ses discours peut difficilement aboutir à une solution diplomatique, tant ca ressemble à l'Armagedon (la bataille du bien contre le mal, selon le jugement dernier). Ce qui est systématiquement exclu est le contexte, et notamment le fait que l'accord de paix de Minsk, signé en 2015, n'est pas respecté par l'armée ukrainienne.

Elle dit que selon cet accord, la région du Donbass a droit à l'autonomie politique. Fait inacceptable pour les nationalistes. Donc ceux-ci, alors que l'accord a été ratifié par l'ONU, ne le respectent pas et attaquent le Donbass depuis 8 ans et transformant la vie de la population locale en un cauchemar. Les nationalistes qui combattent dans cette région considèrent les habitants comme des 'sovki' qui ne méritent ni pitié ni indulgence. La guerre actuelle n'est rien d'autre que la continuation des combats réguliers depuis 2014, Le fait de mettre en avant ce contexte n'implique pas automatiquement d'approuver l'intervention russe, mais uniquement de reconnaitre que l'Ukraine a une part de responsabilité de ce qui lui arrive, dit-elle.

Présenter la guerre actuelle comme un combat d'une civilisation contre des barbares, ou de la démocratie contre l'autocratie n'est rien d'autre que de la manipulation; reconnaitre ce fait est essentiel pour comprendre la situation actuelle, dit-elle.

https://consortiumnews.com/2022/04/29/ukraine-the-real-zelensky/

Contenu dans les médias

Depuis 3 semaines les médias diffusent quotidiennement des images de désolation - des tas de ruines. Les articles de presse parlent d'attaques contre des civils avec des morts et des blessés en Ukraine. Mais...

Il n'y a pas de photo de civils blessés - avec des pansements et des balafres, ni des cercueils. Il y a des vidéo où on voit des gens amener tranquillement leurs sacs à commissions chez eux en marchant sur des ruines où il y a des restes de neige - c'est la fin de l'hiver. Cherchez l'erreur.

Réponse: si l'explosion venait de se produire elle serait encore chaude et les passants seraient surpris, voire terrifiés. La neige et l'attitude des passants laisse penser que les ruines sont là depuis un certain temps et qu'elles font partie du paysage.

Si l'intervention russe a commencé il y a 3 semaines, l'Ukraine est en proie à une guerre civile depuis 10 ans. D'après un reportage effectué en 2016 près de Donetsk, il y avait déjà des champs de ruines 6 ans plus tôt. Dans ce reportage on entends des détonations, on voit des gens couchés au sol et des maisons écroulées et crâmées. Un des habitant dit que le terrain est miné et que des gens sont assassinés dans la rue, or l'armée russe n'était pas encore là.

https://youtu.be/b8j0tJsKltg

Dans les médias, les interviews des victimes sont quasiment inexistants. On ne trouve ni interview des victimes sur place ni des réfugiés qui sont arrivés dans notre pays. Il y a quelques rares interviews des victimes qui proviennent de la télévision russe et aucun n'a reproché quoi que ca soit à Vladimir Poutine. Ce dernier est parti à la rencontre de son peuple dans le flambant neuf stade de Moscou et a été applaudi devant 200'000 personnes.

https://twitter.com/InfoHugoQuentin/status/1504832975501938690?t=sP0W17WuxTNdMqU2L3EbMg&s=19 

C'est au début du mois d'avril, après 6 semaines de guerre, et alors que plus de 2 millions de personnes se sont enfuits - notamment vers la Pologne, qu'on trouve enfin quelques rares interviews des réfugiés. Ils racontent essentiellement leur vie personnelle et ne parlent pas de politique - est-ce que ces interviews ont été tronqués ? On apprends néamoins que le site de télévision de Kiyv a été touché ainsi que l'aéroport militaire. On apprends également que les hommes ont l'obligation de rester au pays - pour servir l'armée.

Pendant ce temps en Europe, les manifestations de soutien à l'Ukraine se multiplient - il y en a une qui a lieu ici à Lausanne au moment où j'écrit ces lignes. Il y a des appels à boycoter les produits russes et a juger Vladimir Poutine pour crime de guerre. Vous avez dit "juger" ?

En Europe tout a commencé le 24 février quand la rumeur s'est répandue que la Russie envahit l'Ukraine en envoyant 190'000 soldats dans le pays voisin. Au fait, qui a prononcé le mot "invasion" ? Vladimir Poutine quand il l'a ordonné ?

Réponse: Non, c'est Joe Biden, président des Etats-Unis, qui l'a dit. Si l'affaire était passée devant un tribunal, le juge aurait donné la parole à l'accusé pour se défendre - les acteurs politiques et les médias ne le font pas:

Lors de sa visite à l'ONU, le 2 mars, Serguei Lavrov, porte-parole de la Russie affirme que l'armée russe effectue une opération spéciale (sic) en vue de chasser des bandes de néo-nazis localisés en Ukraine. Cette information - pourtant capitale - a été très peu relayée dans les médias et les diplomates présents à l'ONU ont presque tous quitté la salle. Trois semaines plus tard l'ambassadeur russe est invité au téléjournal de la RTS et tient exactement le même discours.

https://youtu.be/Tflu59N1iQM

https://www.rts.ch/play/tv/19h30/video/gennady-gatilov-ambassadeur-de-russie-a-lonu-justifie-linvasion-de-lukraine?urn=urn:rts:video:12959161

Un mois après l'arrivée de l'armée russe, un journaliste français se rends à Marioupol, un port minier sur la mer d'Azov, dans le Donbass, en pleine zone de combats. Il rends visite à l'armée russe. Il y a pris 3 semaines pour se rendre sur place en raison de la fermeture des lignes aériennes, la fermeture des frontières, et les très nombreux contrôles sur les routes ukrainiennes où il a parcouru plus de 1600 km. Il a fait un reportage de ce qu'il a vu et ca ne corresponds pas au contenu actuel des médias. J'en parle en détail un peu plus loin

Entre temps, l'UE et les USA, après avoir entendu parler d'invasion, décident de stopper un maximum d'activités économique avec la Russie: Demander de suspendre des comptes en banque de riches russes. Des entreprises ferment les portes. Le pipeline qui apporte du gaz de Russie vers l'UE via la Mer Baltique est fermé et des avions de ligne russes sont cloués au sol en raison d'interdiction de survol. Qu'en pensent les habitants de Russie ? Ils sont fâchés contre l'occident mais pas contre Poutine. ... et pendant ce temps la guerre continue alors que le prix du carburant explose en Europe.

Au milieu du mois de mars, Vladimir Poutine annonce que le paiement du gaz acheté en Russie ne peut plus se faire en dollars ou en euros, mais uniquement en rouble. Pourquoi ?

La raison est que - suite aux sanctions économiques - l'euro est interdit d'exportation en Russie. Les fournisseurs de gaz russes qui acceptent les paiement en euros ne receoivent plus l'argent de leurs ventes. Vladimir Poutine décide alors de changer les règles du jeu, et demande aux consommateurs européens de payer en rouble.

Contexte: 75% du gaz extrait du sol russe est exporté vers l'Europe, via des pipeline en Ukraine et au fond de la mer Baltique (Nord Stream). Le plus gros consommateur de gaz en Europe est l'Allemagne, dont la politique energétique actuelle est fondée sur le remplacement de centrales nucléaires par des centrales au gaz. En Hongrie et en Serbie 100% du gaz consommé provient de Russie.

Sur les réseaux sociaux

Pendant ce temps, sur les réseaux sociaux, notamment sur Twitter, des nouvelles et des contre-nouvelles se succèdent. D'un coté les grandes entreprises de médias - journaux, télévision - montrent des images de désolation, de l'autre coté des vidéos tournées par des habitants circulent où on voit des habitants de l'Ukraine embrasser des soldats russes, des néo-nazis ukrainiens qui tabassent des ukrainiens et des rescapés qui accusent Azov.

Au fait, c'est qui Azov (A3OB en alphabet cyrillique) ? Un bataillon de volontaires armés dont certains portent fièrement le logo à croix gammée des nazis. Il est officiellement au service du gouvernement ukrainien.

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9giment_Azov

Une des nouvelles qui a été diffusée par les médias est que l'hôpital de Marioupol a été bombardé et que des patients et des médecins ont été tués. Illustrés avec la photo d'une femme en fin de grossesse couchée sur une civière et tachée de sang. Des messages sur Twitter affirment - photo à l'appui - que cette femme est une actrice de cinéma ukrainienne, que des rebelles néo-nazis ont pénétré dans l'hôpital après avoir expulsés les médecins et les patients; qu'ils en ont fait leur QG et que l'armée russe a évacué le quartier avant de passer à l'assaut.

https://information.tv5monde.com/info/direct-ukraine-une-base-militaire-pres-de-la-frontiere-polonaise-bombardee-448430

Quelques semaines plus tard, un témoignage de cette femme est publié sur Youtube. Elle dit que la photo a été publiée sans son consentement par des journalistes d'Associated Press, et que l'interview - consenti - qu'elle a eu avec ces mêmes journalistes n'a jamais été publié. Elle dit qu'elle s'est rendue à l'hôpital pour accoucher, qu'une bombe a explosé à proximité et qu'elle s'en est sortie avec quelques égratinures au visage. Elle raconte que les soldats ukrainiens ont occupé la maternité pour se servir du groupe électrogène pendant que les mères, les bébés et les médecins continuaient leur activité dans les bunkers au sous-sol.

Un message vidéo d'un mercenaire français présent en Ukraine depuis des années circule sur Twitter. Son message est en français sous-titré en russe. Il affirme que la prétendue attaque de la centrale nucléaire de Zaporojie par l'armée russe n'était qu'une fusée éclairante lancée par des ukrainiens et que les vidéos qui montrent le bombardement d'un theatre à Kiev par l'armée russe ont été tournés à Donetsk après l'explosion d'un Tochka-U - un missile utilisé par les armées russes et ukrainiennes.


De nombreux messages sur Twitter sont écrits par des usagers nouvellement inscrits dont le logo est un drapeau bleu et jaune - le drapeau ukrainien. Ils ne font rien d'autre que d'affirmer toutes sortes d'atrocités commises - selon eux - par l'armée russe, la plupart du temps sans preuve ou alors en citant en référence un article de journal qui ressemble à un album photo rempli d'images de désolation.

Pendant que circule une photo de désolation avec 4 pâtés de maisons crâmées et en ruine, avec le titre "Marioupol", une autre vidéo montre l'armée russe qui distribue de la nourriture aux habitants de Marioupol. Dans cette dernière vidéo les maisons n'ont pas l'air endommagées du tout.

https://twitter.com/Skeptikof/status/1507059488746086403?t=GJFzPkWCsl41fRfzVF2uLA&s=19

Reportage au coté de l'armée russe

Trois semaines après l'arrivée de l'armée russe, un journaliste français - Erik Tegnér - publie un reportage de ce qu'il a vu dans la région de Donetsk, aux cotés de l'armée russe. Son reportage n'a jamais été publié dans les médias mais il est disponible sur Youtube.

"Tous prétendent savoir ce qu'il se passe du coté russe, sans y avoir jamais mis les pieds." Tel est la première phrase de ce reportage. 

Il raconte que la plupart des soldats russes viennent de Tchétchénie et qu'ils sont venu donner un coup de main à l'armée de la république populaire de Donetsk (RPD). La RPD c'est ce nouvel état indépendant, créé en 2014 par scission de l'Ukraine, et qui a été reconnu officiellement par Vladimir Poutine... le jour avant l'arrivée de l'armée russe. L'armée russe et celles de la RPD se battent contre un groupe paramilitaire nationaliste - le régiment Azov. Les soldats tchétchènes ont été choisis parce qu'ils sont déjà une expérience dans les combats en ville - des djihadistes à Grozny.

Le journaliste constate tout d'abord que la plupart des bâtiments - très solides - de Marioupol ne sont pas rasés et que certains sont intacts. Puis il rencontre une habitante qui lui raconte ce qu'elle a vécu. Elle dit que les soldats ukrainiens ne les laissaient pas s'enfuir - ils ont placés un tank devant la porte. Quand les soldats russes sont arrivés, les soldats ukrainiens sont partis se cacher. Les soldats russes ont demandé aux habitants de fuir "on a besoin de cet immeuble, ca va tirer, alors fuyez".

On apprends dans ce reportage que les soldats paramilitaires ukrainiens évitent les combats en rase campagne - où il n'y a personne - et partent se cacher dans les villes. Ils se protègent des attaques par des avions et la présence de civils dissuade leurs adversaires de tirer. Ils lancent des missiles anti-char depuis les appartements.

Le reporter se rends à Marioupol, où les combats ont été très intenses. Marioupol est une ville grande comme Genève - 500'000 habitants, la deuxième plus grande ville de la RPD. C'est le plus grand port sur la Mer d'Azov. Il y a des usines métallurgiques et un aéroport. Le reporter croise des voitures avec des bandeaux blancs qui partent - le bandeau indique qu'il y a des enfants à l'intérieur. Plus loin il y a un tank détruit, qui porte l'indicatif du Pravyi Sektor - un groupe paramilitaire nationaliste.

Il croise des gens terrifiés, sous le choc. Ils viennent de passer deux semaines dans des abri anti-atomiques. Ils ont froid, ils ont faim. Certains sont malades, d'autres sont devenus cinglés. Il fait -5°C et il y a un peu de neige, et des maisons sont éventrées et le chauffage est en panne. Une femme se rends dans son appartement détruit pour récupérer son chat, ainsi que quelques affaires "on en a marre de la guerre" dit-elle.

Le journaliste arrive au couloir humanitaire de Marioupol. Ici les hommes sont strictement contrôlés par l'armée russe - parce que les soldats paramilitaires se cachent parmi les civils. Les hommes doivent enlever leur pull et l'armée russe contrôle qu'ils n'ont pas de tatouage nazi ni de marque sur la peau - qui indique qu'ils pourraient avoir porté une arme lourde ou un gilet pare-balles. Les soldats qui se rendent doivent passer par la file des soldats, où ils seront désarmés et fouillés.

Le couloir humanitaire est utilisé par les civils pour quitter la ville. Il se termine à la ville voisine de Volodarkoye - à 15 km de Marioupol. La bas il y a des autocars en renfort pour les gens qui partent. On y distribue nourriture et vêtement chauds. On y voit des civils qui portent un masque anti-covid et des enfants qui jouent à la balancoire en rigolant. La ville et intacte et il n'y pas de soldats. Il y a des gens qui partent en voiture, d'autre décident de rester. Certains ne savent pas encore où ils veulent aller. A Donetsk ? ou vers l'Europe ?

Alors que l'armée russe contrôle 70% de la superficie de la ville, il reste encore des quartiers - notamment dans la zone industrielle - avec des soldats ukrainiens, notamment le régiment paramilitaire Azov. Il y a aussi des mercenaires britanniques et Géorgiens. Les moins déterminés se sont rendus, il reste alors plus que ceux qui sont prêts à aller jusqu'au bout. On parle de 5000 hommes restants sur les 20'000 qu'il y avait un mois auparavant. Certains se sont rendus, d'autres se sont enfuis ou ont été blessés. La ville est assiégée et ils n'ont aucun moyen d'obtenir des munitions.

Alors que l'attaque de Marioupol n'est pas complétement terminée, il y a déja des camions et des tanks qui partent pour la ville suivante: Donetsk.

Note: paramilitaire = des soldats qui ne sont pas au service du gouvernement - contrairement à une armée. Ils sont sous les ordres d'institutions du secteur privé ressemblant à des entreprises. Ces entreprises offrent salaire, formation et matériel - habits et armes - sponsorisées par des partis politiques - souvent d'extrême droite. Ces institutions recrutent non seulement des ukrainiens mais aussi des européens et des américains. 

Reportage auprès des victimes

Patrick Lancaster est un reporter indépendant américain, qui vit en Ukraine depuis plusieurs années. Il tourne des interviews auprès des victimes de la guerre, notamment des femmes avec des enfants dans les camps de réfugiés. Il parle le russe.

Il est allé à la rencontre des victimes des bombardements de Marioupol, dans un camp de réfugiés. Le camp à proximité de Marioupol est suffisamment grand pour accueillir l'équivalent des 60% de la population de la ville. Le camp a été mis en place par l'armée russe quelques heures avant son arrivée. Les femmes qu'il a interviewé viennent toutes de Marioupol.

La première femme interrogée, Yulia, dit que si elle est ici - dans le camp de réfugiés où la vidéo a été enregistrée - c'est grace à l'armée russe, qui leur a conseillé un endroit plus sûr. Auparavant elle avait passé près de 3 semaines dans les abris au sous-sol de son immeuble.

Elle raconte le début de la guerre: le 1er mars il y a eu une énorme explosion. Le sol a tremblé. L'immeuble où on habite a été touché. Il était 1h du matin et on était tous au lit. Alors on a pris quelques couvertures pour continuer de dormir dans le couloir d'entrée - derrière deux murs de béton. Quelques jours plus tard on est descendu vivre dans les abris au sous-sol. On sortait uniquement pour faire du feu et acheter de l'eau. L'électricité, le chauffage et l'Internet sont tombés en panne.

Elle raconte qu'à la maternité de l'hopital il y avait quelques soldats de l'armée ukrainienne qui affirment que tout va bien et que la ville sera honorée comme un héros. A quoi bon alors que tout est détruit ici ? dit-elle.

Le reporter lui demande alors ce qu'elle compte faire après. Elle réponds qu'elle ne sait pas trop. Qu'elle hésite entre partir en Ukraine ou en Russie. Que le status de la République de Donetsk - ou elle vit - est une affaire de hauts placés politique et que le bas peuple souhaite rien d'autre que de pouvoir vivre en sécurité, pouvoir manger et élever ses enfants. 

Elle dit être une employée de l'hôpital de Marioupol. Plus précisément d'un des hôpitaux: il y en a trois, deux sont hors service. Le troisième continue son activité dans les sous-sols où il y a environ 160 personnes, dont des mères et des nouveau-nés. Le reporter lui demande si elle a entendu parler d'un hôpital occupé par Azov. Elle réponds que des voisins ont dit avoir été expulsés de leur appartement par des soldats du régiment Azov qui s'en sont servi pour se défendre. Elle dit qu'il s'agit d'un immeuble de 9 étages et que les soldats s'en sont servis comme base et comme poste d'observation. Elle dit que le lendemain il y a eu des combats dans cet immeuble, qu'il y a eu des bruits de tirs et un incendie.

Le reporter lui demande ensuite si elle apprécie cet endroit - le camp de réfugié monté par l'armée russe ? Elle dit avoit été bien traitée: Elle a reçu à boire et à manger, les enfants ont reçu des biscuits,  et elle a pu dormir au chaud dans une tente et en sécurité - à l'abri des bombardements. Elle dit également que c'est plus confortable que dans le froid et l'air vicié des sous-sols.

Pour son second interview, il part à la rencontre d'une femme, Oksana, dans une garderie à proximité de Marioupol. Elle et sa collègue habitent à Marioupol mais leur appartement a été détruit. Elle dit que c'est l'armée russe qui l'a aidée à évacuer l'immeuble et pas l'armée ukrainienne. Elle dit que les bunkers de Marioupol ne sont pas assez solides pour les bombes. Elle dit que des gens ont essayé de s'échapper de la ville et on leur a tiré dessus. Elle dit également que les ukrainiens empêchaient l'évacuation. Elle dit qu'ils ont été privés de tout et que c'est la responsabilité du gouvernement de s'occuper d'eux mais qu'il s'en fichent (sic). 

Le reporter lui demande ensuite ce qu'elle compte faire. Elle réponds qu'elle envisage de se rendre chez des amis en Russie. Et dit "nous sommes le même peuple". Elle dit aussi qu'elle aurait souhaité revenir chez elle, mais que ce n'est pas possible parce que tout est rasé et que personne n'est prêt à reconstruire. Elle dit qu'elle s'est inscrite pour partir en Russie et elle attends son tour. Elle dit que les femmes et les enfants vivent dans des emplacement provisoires tandis que les hommes passent la nuit dans les voitures. Elle dit que les hommes distribuent de la nourriture pour les habitants ainsi que les animaux de compagnie.

Le troisième interview, Lena dit avoir passé un mois dans les caves de l'immeuble après que les vitres de son appartement ont été détruites par une explosion. Il n'y avait ni eau ni électricité. Ils mangeaient de la neige et buvaient l'eau souillée des radiateurs - y compris les enfants. Elle dit que des soldats d'Azov leur tiraient dessus. Le reporter lui demande plus de détails "Azov ?" Elle dit qu'ils se trouvaient dans la cour de l'immeuble, et on leur servait de bouclier - nous les habitants du quartier. Ils savent que l'armée russe ne va pas tirer sur la population, alors ils se cachent dans les immeubles, expulsent les habitants et tirent sur tout ce qui bouge, et ensuite ils se couvrent avec les habitants, dit-elle. 

Et elle continue: tout les jours ils détruisent des habitations, brûlent, fusillent et tuent des habitants. Si vous sortez pour allumer un feu, ils vous tirent dessus, or il n'y a pas d'électricité donc pas d'autre manière de chauffer de l'eau souillée et éviter de s'intoxiquer, dit-elle. Puis elle raconte qu'une femme agée a été tuée par des tirs et qu'ils n'ont pas pu l'enterrer, le corps est resté dans les caves. Le reporter lui demande ce qu'elle pense de ces soldats d'Azov, elle dit: ce ne sont que des voyous, des zombies; leur but est de détruire la ville et ils l'ont détruite, point final. Le reporter lui demande si ce sont des ukrainiens, elle réponds: oui, oui, ce sont des ukrainiens.

Un peu plus tard, le reporter lui dit: à l'Ouest de l'Ukraine, en Europe et aux Etats-Unis on dit qu'Azov fait du bien au peuple. Elle retorque: non, ils n'ont rien tenté, je ne sais pas si quelqu'un a tenté, mais Azov ils tuent la population et détruisent la ville, rien d'autre.

Elle dit être sans nouvelles de ses proches: mon père est paralysé, il est vieux et incapable de se déplacer. Je ne sais pas si il a été fusillé ou brûlé dans un incendie. Je n'ai pas eu de nouvelles de mon fils pendant un certain temps, j'ai appris il y a peu de temps qu'il s'est échappé, il a passé la frontière et il est parti en Europe. Merci Dieu il s'en est sorti !

Le reporter lui demande "qu'est-ce que l'Europe doit apprendre de cette guerre ?". Elle dit: on ne lit pas les nouvelles, il n'y pas de réseau ici et on a aucune nouvelle, donc on n'a aucune info et on ne sait rien.

Le massacre de Boutcha

Le 3 avril, les médias relatent un massacre dans la ville de Boutcha, située à proximité de Kiyv. Sur les vidéos on voit une rue jonchée de cadavres, on parle de 300 à 400 personnes. La Russie est accusée d'être à l'auteur de ce massacre. Cependant

En regardant la vidéo, on constate que les morts portent tous un brassard blanc. Qu'est-ce que c'est ? Un insigne que l'armée russe met aux civils qui coopérent avec eux. Une autre vidéo montre le maire de Boutcha, interviewé quatre jours plus tôt - le 31 mars -, qui affiche un large sourire et exprime sa satisfaction que l'armée russe a enfin libéré sa ville, et qu'il n'y a pas eu de victimes.

Quelques jours plus tôt, l'armée russe avait annoncé se déplacer vers Donetsk, c'est-à-dire à 800 km de Kiyv.  

Le jour de l'annonce, j'ai constaté sur Twitter près de 300 messages en français, venant d'environ 20 personnes en Ukraine, qui écrivaient tous la même chose: le message envoyé par ces différentes personnes est identique à la virgule près, et tout ces messages ont la même faute d'orthographe. Les messages sont adressés à des personnalités et des entreprises françaises, dans des discussions parfois sans rapport avec l'Ukraine. exemple: une discussion concernant la candidature d'Eric Zemmour.

Une info relayée par les médias suisse est que l'UE va immediatement renforcer les sanctions suite à ce massacre. Les autorités de l'EU sont-ils si stupides qu'ils vont se tenir à une simple accusation sans la moindre preuve ? Cela semble se confirmer :-(

Selon les dires de Sébastien Faure, correspondant de la RTS qui s'est rendu à Boutcha, les cadavres sont exclusivement des hommes. Ils ont les mains attachées et ont été fusillés à bout portant. Dans son message transmit à la RTS il dit que ce massacre a été commis par l'armée russe, et que les témoins sur place parlent de safari.

https://www.rts.ch/play/tv/-/video/-?urn=urn:rts:video:12990900

C'est quoi Safari ? c'est un régiment ukrainien. Le 2 avril un article du journal ukrainien lb.ua parle d'un rapport de la police locale: Safari effectue un nettoyage (sic) à boutcha concernant des personnes accusées d'avoir coopéré avec l'armée russe durant l'occupation - qui s'est terminée il y a 3 jours.

https://en.lb.ua/news/2022/04/02/12441_special_forces_regiment_safari.html

Quelques jours plus tard New York times publie une image satellite de Boutcha prise le 19 mars - soit deux semaines avant le massacre - où on voit des corps étendus sur la route où le massacre a eu lieu. Or si les corps avaient été là depuis 2 semaines, dans quel état ils seraient le jour de la prise de vue (le 2 avril) ? probablement en décomposition, rongés par les mouches, les rapaces et les chiens. Or on peut voir sur la vidéo du massacre que les corps sont frais, la peau des defunts est encore rose et ils ne sont même pas mouillés alors qu'il a plu la nuit - la route est mouillée.

9 mai 2022

L'armistice, fête de la chute du régime Nazi, est célébrée chaque année le 9 mai en Russie (et le 8 mai en France). En Russie c'est la fête de la Victoire, la fin de la Grande guerre patriotique (1941-1945) qui a fait 27 milions de morts dans le pays, un des plus grand événements de l'année. En Russie on ne parle pas de 2ème guerre mondiale parce que ce pays n'a pas participé à la première guerre mondiale. La célébration comporte un défilé militaire, des chants traditionnels et un discours du président et du chef d'Etat-major. En Russie presque chaque habitant a au moins un ancêtre qui est mort durant la grande guerre patriotique, et c'est aussi un moment de commémoration

L'édition 2022 a une saveur particulière parce que des soldats russes sont mobilisés pour une opération de "dénazification" en Ukraine. 

Dans les jours qui précèdent, les spéculations pleuvent sur ce que va dire Vladimir Poutine lors de son discours. Va-il déclarer la guerre en Ukraine (au lieu de "opération militaire spéciale") ? Va-il déclarer la guerre atomique ? Va-il abandonner ? Y-aura-il une fête dans le Donbass ?

La durée usuelle du discours du président est de 5 à 10 minutes, et cette année n'a pas fait exception. Dans son discours, Vladimir Poutine a honoré ceux qui se sont battus contre les nazis durant la grande guerre patriotique, ainsi que ceux qui se battent actuellement dans le Donbass. Il dit faire tout ce qui est en son pouvoir pour éviter qu'une telle guerre ne se produise de nouveau, y compris avertir l'OTAN, qui visiblement avait d'autres plans (sic): une opération punitive dans le Donbass, une invasion de la Crimée et des territoires historiques de la Russie et l'acquisition de l'arme atomique, le tout suivi d'une activité militaire à proximité immédiate de la frontière. La confrontation avec les néo-nazis et les banderas était inévitable, dit-il. Il mentionne l'implication active des Etats-Unis et de ses mercenaires et l'incitation à la russophobie. Ensuite de quoi il remercie les vétérans américains, français et britanniques qui ont collaboré avec eux contre le nazisme. La célébration est accompagnée d'une minute de silence, de fanfares et de tirs au canon.

Alors que Vladimir Poutine tient un discours à Moscou, la fête de la victoire a lieu à Marioupol pour la première fois depuis 8 ans. Il y a des chants traditionnels -  chantés par des femmes en uniforme militaire -, un tapis orange est déroulé sur une des allées de la ville. Il flotte des drapeaux russes, des drapeaux de l'Union Soviétique et des ballons aux couleurs de la Russie (blanc-bleu-rouge). Denis Pouchiline, Le président de la République de Donetsk, participe. Le journaliste l'interroge sur le futur de Marioupol, et il réponds: il faut terminer le travail à l'usine Azovstal, ensuite il restera a reconstruire le pays. Il faut reconstruire Marioupol, Volnovakha et d'autres villes detruites par les ukrainiens, dit-il.

Cette édition 2022 à Marioupol est une réussite: beaucoup de foule et des sourires. Lors de la précédente édition - en 2014 - un blindé ukrainien avait fait irruption, il a été hué 'fascistes' par la foule et la fête a été gâchée par des coups de feu et un incendie.

Dans son témoignage de la fête de la victoire dans le Nord-Caucase, Eli - Youtubeuse russe - raconte que son grand-père, après avoir combattu les nazis à la frontière de la Finlande, a été mobilisé en 1946 en Ukraine pour combattre des nazis locaux, partisans de Stephan Bandera et de la guérilla.

https://youtu.be/MHBNRHAMpW0

https://youtu.be/i1I8SZeXGFo

https://youtu.be/0dK6dvrJuOk

14 juillet 2022

Au début du mois de juillet 2022, l'armée ukrainienne a recu des armes provenant des pays de l'OTAN. Notamment les CAESAR (Camion Equipé d'un Système d'Artillerie) de France, et des HIMARS (High Mobility Artillery Rocket System) des USA.

Le 14 juillet un obus ukrainien tombe sur un arrêt de bus en ville de Donetsk. Plusieurs passagers sont morts, ainsi que le chauffeur. Le jours précédent une fille de 10 ans a été tuée par l'explosion d'un obus devant sont domicile de Donetsk  - son corps a été retrouvé en 3 morceaux. 

Le même jour un missile russe tombe au centre ville de Vinnytsa, dans le centre de l'Ukraine. Sur la vidéo de la frappe on voit un monument d'un avion de chasse, pris dans une colonne de fumée noire, et un bâtiment de 12 étages dont les vitres ont été brisées.

Quelques jours auparavant, un missile russe était tombé au centre de ville de Krementchouk, provoquant l'incendie d'un centre commercial.

Quelle est la converture médiatique de ces différents événements:

La vidéo de la fillette tuée à Donetsk - du moins de ce qu'il en reste, a fait l'objet de quelques rares messages sur Twitter mais n'a jamais été publiée sur les médias Européens. Idem concernant le bombardement de la station de bus de Donetsk. Selon la vidéo, enregistrée par des journalistes de terrain, la fille a été tuée par une arme fournie par l'OTAN - supposée être un CAESAR fourni par la France. Le lendemain la photo de la fille a été affichée devant l'entrée de l'ambassade de Russie à Paris.

https://twitter.com/bechetgolovko/status/1547589955802648579?t=OhcHNs6ZlS6GtxDs88BBqA&s=19

https://youtu.be/x5dOQMdMTRg

https://youtu.be/YXpMsqSIfiY

Le bombardement de Vinnytsa a été très largement médiatisé. Cependant la plupart des articles de presse à ce sujet ont omis de préciser que le tir a eu lieu à quelque mètres de "la maison des officiers", certains articles accusent l'armée russe de viser délibérément des civils. Les médias russes précisent que c'est bien la maison des officiers qui était la cible, et qu'il s'y tenait une réunion entre des militaires haut gradés et des fournisseurs d'armes. 

https://twitter.com/nexta_tv/status/1547502339455590400?t=XVanV110f4iEoG8hF9h3VA&s=19

https://twitter.com/AnthoSaintLeger/status/1547638401939083264?t=jXk91xs5TjEC1EJ_qzmcAA&s=19

https://www.rt.com/russia/559038-russia-comments-airstrike-vinnitsa/

Un coup d'oeil sur la carte géographique de la ville confirme que le bâtiment "la maison des officiers" se trouve face au monument emblématique de la ville: un avion de chasse. La présence de militaire est confirmée quelque jours plus tard par l'avis mortuaire du Colonel de l'armée de l'air ukrainienne.

https://dv-gazeta.info/dneprnews/v-boyu-z-rashistami-zaginuv-polkovnik-dmitro-burdiko.html

Une autre information largement médiatisée concerne une fille de 4 ans tuée dans le bombardement de Vinnytsa. Sur une vidéo on y voit la fille devant sa poussette, puis on voit la poussette maculée de sang. Le contenu de la vidéo ne permet pas de confirmer qu'elle a été prise à cet endroit.

La frappe sur Krementchouk a fait l'objet d'une large couverture médiatique. Les premiers messages publiés sur Twitter parlent de près de 1000 personnes touchées. Les messages accusent l'armée russe de viser délibérément des civils. Ces messages sont accompagnées d'une vidéo où on voit un centre commercial en feu, cependant...

Sur la vidéo d'illustration, on constate que le parking en face du centre commercial est presque vide, que personne n'entre ni ne sort du centre commercial. On voit une poignée de personnes devant le désastre, ce sont uniquement des hommes, et il y a des soldats en tenue de combat. Il n' a pas de blessé, ni d'ambulance - uniquement les pompiers.

Sur Twitter circule une autre vidéo, prise au même moment dans un jardin - il y a un étang. Sur la vidéo on voit un missile tomber, une forte explosion, et une pluie de débris qui tombent sur l'étang.

Coup d'oeil sur la carte: il y a bien dans cette ville un étang, et un centre commercial, distants d'environ 500 m. Entre ces deux emplacements il y a une usine avec un dépôt à ciel ouvert. Le centre commercial se trouve à quelques mètres de l'usine. Les médias russes confirment avoir frappé un dépôt de munition caché dans une usine. Ils disent que c'est un éclat de ces munition qui a incendié le centre commercial, et que celui-ci était fermé à ce moment. Dans une vidéo publiée le lendemain, on voit l'intérieur du centre commercial, où les marchandises sont encore dans les rayons - ce qui indique que le commerce n'a pas été ébranlé par une explosion.

Propagande

Dans les publications et les messages sur Twitter, il est souvent évoqué la propagande russe. Mais au fait, c'est quoi de la propagande ?

La propagande de guerre est une technique proche de la publicité: rédaction et diffusion de messages judicieusement arrangés dans un seul but: amener le lecteur a détester un peuple - qui devient alors son ennemi présumé. Les messages de propagande mettent en particulier en avant des crimes massifs et des injustices - réeles ou imaginaires - et les associent avec un prétendu responsable.

Les images ne sont pas choisies au hasard, les mots suivent des règles précises - il y a des mots et des sujets interdits. Les reportages auprès de victimes et de témoins sont coupés. Les résumés sont orientés et parfois mensongers. Un des mensonges les plus abjects qu'on peut rencontrer dans la propagande est l'inversion de responsabilité: l'agresseur est présenté comme victime et inversément la victime est présentée comme agresseur.

Les messages de propagande sont ensuite diffusés très largement dans tout les médias disponibles: Journaux, TV, Internet, Twitter et Facebook et monopolisent le contenu médiatique au point de finir par faire un apparent consensus et être acceptés par les auditeurs comme étant la vérité.

Cette description ressemble étrangement au discours médiatique actuel concernant l'intervention russe en Ukraine. On constate que les pays européens prennent des sanctions contre la Russie - qu'ils considèrent comme un agresseur - et parlent d'augmenter le budget de l'armée. D'un autre coté le gouvernement russe se considère comme une victime des sanctions européennes et négocie des nouveaux accords avec d'autres pays en dehors de l'occident: Brésil, Inde, Emirats Arabes Unis et Chine.


Adrien Bocquet, infirmier français, reviens d'une mission humanitaire en Ukraine, dans la région de Lviv et de Boutcha. Dans son témoignage il raconte avoir été témoin de crimes de guerre commis par les soldats du régiment Azov, et avoir assisté à de la fabrication de propagande: des journalistes américains attendent des tirs ratés dans une place de jeu, pour rapporter que l'armée russe bombarde des enfants alors que ce sont des mortiers lancés par Azov. Il parle d'exécution sommaires, de boucliers humains, d'armes et de mercenaires venus d'Europe.

Anne-Laure Bonnel, la journaliste française qui s'est rendue en Ukraine en 2016, donne son avis à la TV française: C'est terrible ce qui arrive à Poutine, on est en train de tirer sur l'ambulance.

https://youtu.be/8L_9-GS7ZCM

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